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Albanais

La langue albanaise
Dans le monde, on dénombre 7,6 millions de personnes ayant l'albanais comme langue maternelle.
La plupart d'entre elles vivent en Albanie et au Kosovo, qui abrite également une majorité d'albanophones.
L’albanais est également parlé par des minorités habitant en ex-Yougoslavie, en Italie, en Grèce, Serbie du sud et dans d'autres pays des Balkans et par la diaspora albanaise dans le monde entier.

Les origines de la langue albanaise :

L'histoire de l'origine de l'albanais (shqip en albanais, ch’ti) est assez controversée : pour certains, la langue albanaise est la première langue formée en Europe, en Asie Occidentale et en Afrique du Nord. Elle est appelée la langue « pélasgique » et a servi de modèle au grec ancien puis avec ce dernier, a permis la formation du latin. Pour d’autres, l'albanais est une langue indo-européenne orientale, par opposition aux langues indo-européennes occidentales. Depuis le début du XIXème siècle, la langue albanaise est reconnue comme une langue balkanique de la famille indo-européenne. Toutefois, il ne faut pas confondre, la langue n’entre dans aucune sous-catégorie de langues indo-européennes. Ce n’est ni une langue romane, ni une langue slave. La nature de la langue albanaise est héritée d’une langue morte, l’illyrien et des apports étrangers sont naturellement venus s'intégrer à l'albanais au fil du temps.
On découvre des emprunts au grec et au latin, aux langues romanes et slaves, au turc et, plus récemment, au français et à l’anglais. En effet, jusqu’à la fin du XIXème siècle, beaucoup de linguistes pensaient que l’albanais était une langue semi-romane à cause d’une grande influence du latin dans le lexique et la syntaxe.
Mais ils observaient aussi une grande ressemblance avec le roumain sur le plan morphologique. Des écrits plus anciens témoignent de l'influence majeure des cultures voisines au travers des siècles puisque l'albanais y est transcrit avec l'alphabet cyrillique, arabe ou encore grec.

Une langue répartie en deux dialectes :

La langue albanaise est divisée en deux grands dialectes: toskë (le « tosque ») parlé au Nord et gegë (le « guègue ») parlé au Sud.
C'est le fleuve Shkumbin, qui sert de frontière linguistique entre le Nord guègue et le Sud tosque. Le guègue est parlé au nord de l'Albanie, ainsi qu’au Monténégro, au Kosovo et en Macédoine. Quant au tosque, il est employé dans le sud de l’Albanie, ainsi qu'en Grèce et dans la région macédonienne du lac de Prespa. C’est depuis 1944 que l’albanais officiel a été normalisé à partir du tosque. La réunification des deux variétés linguistiques a permis la création d'une langue littéraire acceptée par tous les Albanais. Ces deux dialectes diffèrent fortement l'un de l'autre en termes de prononciation, d'écriture et de grammaire mais pas au point de rendre la communication entre les deux régions impossible.

Sa grammaire :

Il est intéressant de noter qu’entre 1750 et 1850, l’albanais a connu une période de très grande diversité orthographique, au cours de laquelle la langue a été écrite avec pas moins de dix alphabets différents. La langue albanaise a donc été influencée par de nombreuses cultures au cours du temps, et il est possible d’observer cette influence encore aujourd’hui.
De nos jours, l'albanais utilise un alphabet latin composé de 36 lettres dont 7 voyelles et 29 consonnes.
Cet alphabet appartient à l’une des deux variantes alphabétiques approuvées lors du Congrès de Monastir tenu par les intellectuels albanais en novembre 1908.
Dans l’alphabet albanais, on trouve également neuf lettres doublées qui n’existent pas en français.

Il s’agit des suivantes :

1. dh
2. gj
3. ll
4. nj
5. rr
6. sh
7. th
8. xh
9. zh Il combine les consonnes pour obtenir certains sons. Ces combinaisons de consonnes comptent comme des lettres à part entière "dh" se prononce comme «the» en anglais "xh" se prononce «dj» comme dans «jungle» en anglais.

Il existe également 2 autres lettres :

le ë (comme about)
le ç (comme chat)

Le w n’est pas présent dans leur alphabet à l’origine. Il est seulement utilisé pour écrire des mots étrangers. Cet alphabet latin n'est utilisé officiellement que depuis le début du XXème siècle.
Par exemple, ces deux langues présentent toutes les deux dans leurs structures nominales un trait indo-européen ancien : un système à trois genres (masculin, féminin et neutre), lequel, avec le temps, a évolué vers un système à deux genres avec abandon progressif du neutre.
Le dialecte “guègue” se caractérise par l'emploi des voyelles nasales et l'absence du rhotacisme, qui a modifié les dialectes tosques méridionaux, au XIIIème siècle, avec la transformation du « n » en « r ».
Le rhotacisme est une modification phonétique complexe consistant en la transformation d'un phonème en un “r”.
Le dialecte “tosque” lui se caractérise par l’absence de voyelles nasales et par le rhotacisme avec la même transformation que le “guègue”. En somme, la langue albanaise reflète l'histoire complexe et les multiples influences des Balkans. Elle incarne à la fois une forte unité culturelle et une riche diversité linguistique.
Issue de l'héritage illyrien, elle s'est enrichie au fil des siècles d'apports grecs, latins, romans, slaves, turcs, français et anglais, devenant une langue unique au sein de la famille indo-européenne, difficile à classer de manière stricte.

Sources :

-INALCO albanais
-langues et grammaires du monde albanais
-l'aménagement linguistique dans le monde albanais
-albaniatradition.com
-17 minutes languages
-babbel

E.Decard & N.Coutelle